Association Méridienne Atelier Le méthéoroscope d'Oronce Fine Historique du méthéoroscope géographique
Historique du méthéoroscope géographique
Nous n'avons trouvé aucune trace d'une construction ou d'une utilisation de cet
instrument.
Notamment, l'étude de Lucien Gallois sur La grande carte de France d'Oronce Fine permet d'écarter tout emploi de son méthéoroscope par Oronce
Fine pour l'établissement de sa carte de France.
La description de cet instrument s'inscrit dans une multitude de propositions faites du XVIe
au XVIIIe siècle pour résoudre le problème de la longitude.
Le méthéoroscope doit sans doute être pris comme une sorte de spéculation scientifique.
C'est au moins à ce titre que nous souhaitons le faire connaître.
Origines du méthéoroscope.
Le "méthéoroscope" géographique est décrit par Oronce Fine dans un manuscrit daté de 1543.
Ce manuscrit de 22 feuillets, enluminé par l'auteur lui-même, contient deux parties.
Dans la première Oronce Fine expose la méthode qu'il a mise au point pour déterminer la
longitude d'un lieu terrestre par le passage de la Lune au méridien.
Dans la seconde partie il propose un "singulier méthéoroscope nouvellement inventé par
Oronce Fine..."
Nous avons fait la transcription de ce texte.
Nous en présentons ici la seconde partie et l'instrument décrit par Oronce Fine.
Le manuscrit est disponible sur le site de la BNF : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10527897z
Dans le chapitre 3 du premier livre du Traité de géographie, Ptolémée fait allusion à un
"météoroscope, dont nous avons donné la construction... "
Cet instrument qui permettait d'étudier les corps célestes (en grec, meteôros), nous est connu
par un article rédigé par le chanoine Rome en 1927 d'après le commentaire de Pappus sur le
5ème livre de l'Almageste1.
Le 9 mars 2023 a été publié en ligne un article intitulé Ptolemy’s treatise on the meteoroscope recovered portant
sur l'étude par l'imagerie multi-spectrale d'un manuscrit latin du VIIIe siècle.
Cette technique a permis de faire apparaître les traces d'écriture effacées par un réemploi du parchemin.
Ainsi a été mise au jour la description en grec d'un instrument identifié comme le "météoroscope" inventé par Ptolémée et connu par quelques lignes de sa Géographie.
Les auteurs de la recherche attribuent ce texte à Ptolémée lui-même.
(Voir bibliographie)
Au XVIe siècle Johannes Werner, Peter Apian, John Blagrave et Regiomontanus décrivent des
instruments permettant de mesurer les longitudes et les latitudes par le moyen des distances
astrales. Ils désignent ces instruments comme des météoroscopes.
C'est peut-être en utilisant un de ces instruments qu'Amerigo Vespucci réussit à faire le point
au sortir d'une tempête, ce qui lui valut la réputation méritée d'un navigateur exceptionnel2.
Bien qu'inspiré de l'astrolabe planisphérique, l'instrument décrit par Oronce Fine n'est pas destiné à l'astronomie. C'est avant tout, comme le dénomme son inventeur, un méthéoroscope géographique. Il est avant tout destiné à la description de la surface de la Terre.
Après le XVIe siècle l'usage du mot se perd. On le retrouve cependant au
XIXe siècle dans un
dictionnaire encyclopédique qui le décrit comme un instrument au moyen duquel on fait des
observations météorologiques.
1Pappus d'Alexandrie était un mathématicien grec du IVe siècle par lequel nous sont parvenus les titres et le contenu de grands traités de l'époque hellénistique.
2D'après la préface de Carlo Amoretti au Traité de navigation de Pigafetta.
Oronce Fine
Né à Briançon en 1494.
Décédé à Paris en 1555.
Fils de médecin passionné d'astronomie, Oronce Fine étudie les sciences humaines et les
mathématiques au Collège de Navarre, à Paris.
Une chaire est créée pour lui en 1532 au Collège de France et ses cours ont un succès
extraordinaire.
Son enseignement et ses ouvrages lui valent le respect de la communauté scientifique dans
toute l'Europe.
Ses travaux en font plutôt un diffuseur de sciences qu'un savant authentique et il est reconnu
de ses contemporains pour sa contribution à la transmission des connaissances en
mathématiques, en astronomie et dans les sciences qui leur sont associées.
Il conçoit des instruments mathématiques et des cadrans solaires (De Solaribus Horologijs et Quadrantibus, Paris, 1531).
Il s'intéresse particulièrement à la cosmographie (Le sphere du monde, proprement ditte
cosmographie.... Paris, 1551) et à la cartographie.
En 1525 il établit la première carte de France publiée en France, qui connait cinq éditions
successives.
Oronce Fine présente en 1536 la sphère terrestre cartographiée selon une projection
cordiforme (en forme de cœur). Cette mappemonde comporte la particularité de montrer les
terres australes alors totalement inconnues, mais nécessairement existantes selon la
géographie de Ptolémée.
En 1543 il décrit un singulier méthéoroscope géographique pour déterminer les longitudes et les latitudes des lieux terrestres.