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Association Méridienne Atelier Le loch Description du loch à bateau par William Bourne

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Description du loch à bateau par William Bourne
(A Regiment for the Sea)


Dans son ouvrage intitulé A Regiment for the Sea le mathématicien anglais William Bourne évoque pour la première fois dans la littérature maritime l'instrument connu en France sous le nom de loch.
Il le décrit sans en revendiquer l'invention.
Le Regiment for the Sea publié en Angleterre en 1574 connaîtra onze éditions anglaises jusqu'en 1631 et trois éditions hollandaises à partir de 1594. À notre connaissance l'ouvrage n'a pas eu de traduction française.

Couverture de l'ouvrage

Page de garde de l'édition de 1620 du Regiment for the Sea.
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La description du loch figure dans le chapitre 14 qui enseigne comment connaitre la distance d'une terre, comment mesurer la distance entre deux places, qu'on longe la terre ou qu'on se dirige vers le rivage, avec d'autres choses nécessaires.

Couverture de l'ouvrage

En-tête du chapitre 14 de l'édition de 1620 du Regiment for the Sea.
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Couverture de l'ouvrage

bas de la page 46


Couverture de l'ouvrage

page non
numérotée


Couverture de l'ouvrage

page 47


Description du loch. Folio 45 à 47 de l'édition de 1620 du Regiment for the Sea.
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TRANSCRIPTION

(page de garde)

A Regiment for the Sea :

Containing very necessary maters for all sorts of men and travailers :
Whereunto is added an Hydrographicall discourse, touching the fine severall passages into Cattay. Written by William Bourne.
Whereunto is added a new Regiment, a Table of Declination, the mariners guide, with a perfect Sea Card thereunto belonging, by Robert Hood, D. in Physicke.
Newly corrected this yeere 1620.
AT LONDON
Printed by W. I. for Edmund Weaver, 1620,

(bas de la page 46)
And to know the shippes way, some doe use this, which (as I take it) is very good : they have a piece of wood, and a line to vere out over (page non numérotée) borde, of a great lenght, which they make fall at one end, and at the other end, in the middle, they have a piece of a line, which they make fall with a small thread to stand like unto a crowfoot : for this purpose, that it should drive a stearne as fast as the ship doeth goe away from it, alwayes having the line so ready that it goeth out as fast as the shippe goeth.

In like manner they have either an houre glasse of a minute, or else a knownen part of an houre, by some number of words or such other like, so that the line being vered out, may be stopt just with the time that the glasse is out, or the number of words spoken, which done, they hale in the logge or piece of wood againe, and looke how many fadame the ship hath gone in that time : that being knownen, what part of a league soever it be, they multiply the number of fadames, by the portion of time or part of an houre. Whereby you may knowe iustly how many leagues and partes of a league the ship goeth in an houre. &c.

As for example this : having a minute glasse (but it is better for to have a portion of time by some number of words, and the lesser part of time that you have it is the better, for if that the ship both go very fast, you shall not have too much line out, and if that the ship both go but slowly, then you may double the length of time by speaking the words twice or thrice over) let downe your logge handsomely into the water, an then let the line be marked according unto the ship, a two or three fadame from the log accordingly, that it be so farre a stearne that he commeth into quick water, that the edie of the stearne doth not stay it; that being done, then begin to turne your glasse, or to speake your words, and stay it, just at the end of the words, and then hale in your logge againe, and measure how many foote or fadames that you have vered or put out in that time, and suppose that your portion of time is 120 parts of an houre, more or lesse it maketh no matter, so you do know the just portion of time.

And suppose that you have vered 25 fadames in the 120 parts of an houre, therefore multply 120 by 25. And of that multiplication there commeth 3000 fadame, and now an (page 47) English league is 2500 fadame, so that the shippe hath gone one league and 500 fadames in an houre, and the faide 500 fadams is the fifht part of a league in an houre, so that the ship hath gone one league and one fifth part of a league in an houre. And this by multiplying the portion of time by the number of fadams you may keepe a very good reckoning of your ships way, having the consideration, that you doe make as oftentimes proofe as the wind both increase or decrease.



ADAPTATION

(page de garde)

Un Régiment1 pour la Mer :

Contenant des éléments très importants pour toutes sortes d'hommes et voyageurs.
Auxquels s’ajoute un discours d’Hydrographie, touchant plusieurs passages vers Cattay. Écrit par William Bourne.
Auxquels s’ajoutent un nouveau Régiment, une Table de Déclinaison, le Guide du Marin, contenant une carte marine parfaite, par Robert Hood, D. en Physique.

(bas de la page 46) Pour connaître le chemin des navires, certains utilisent ceci qui, comme je le pense, est très bon.
Ils ont une pièce de bois et une ligne d’une grande longueur. (page non numérotée) qu'ils font passer par-dessus bord.
La partie de la ligne qu'ils mettent à la mer se termine par un petit fil formant une patte d'oie à laquelle est fixée la pièce de bois. Ils jettent cette pièce à la mer à l'arrière du bateau et laissent filer la ligne aussi vite que le navire s'éloigne.
Alors ils retournent un sablier, ou bien utilisent un texte dont le temps de récitation a été mesuré. Quand le sablier est vide ou la récitation terminée la ligne est retenue et le morceau de bois est hissé à bord. Ils mesurent combien de brasses2 ont été filées pendant le temps mesuré.
Cela étant fait, ils multiplient le nombre de brasses, par la portion de temps ou partie d’une heure mesurée par le sablier ou la récitation. Par ce calcul vous pouvez connaître justement combien de lieues et parties d’une lieue le navire va en une heure.
Voici un exemple : utilisez un sablier (mais il est préférable de réciter un texte dont la durée est connue et d'utiliser une durée la plus courte possible car si le navire va très vite vous risquez de ne pas avoir assez de longueur de ligne et s'il est très lent, vous pouvez doubler la durée en prononçant le texte deux ou trois fois). Mettez votre loch3 à l'eau et laissez filer la ligne d'une, deux ou trois brasses, selon la longueur du navire, afin que la bûche sorte du sillage et s'engage en eau vive, de façon que les remous de la poupe ne l'influencent pas. Cela fait, retournez le sablier ou dites vos mots jusqu'à la fin, halez votre loch et mesurez4 le nombre de pieds ou de brasses que vous avez laissés filer pendant le temps mesuré. Supposez que vous avez filé 25 brasses dans la 120e partie d'une heure5, alors multipliez 120 par 25. Cela donne 3 000 brasses. (page 47) Une lieue anglaise contient 2 500 brasses. Le bateau a donc avancé d'une lieue et 500 brasses ou une lieue et un 5e de lieue en une heure. En multipliant la durée par le nombre de brasses parcourues vous pouvez donc obtenir une très bonne connaissance de la marche du bateau, mais il ne faut pas oublier que le vent peut faiblir ou fraîchir…


Notes de Méridienne :

1Jusqu'au 16ème siècle le mot régiment était employé pour désigner le règlement, l'administration. Nous conservons ce mot pour la traduction du titre de l'ouvrage de W. Bourne.

2Une brasse anglaise : fathom (en vieil anglais : fadome ; fadame dans le texte de W. Bourne).

3Le loch est l'instrument de mesure de la vitesse d'un bateau.
Le mot loch vient de l'anglais log : bûche, rondin ; Logge dans le texte de W. Bourne.

4Dans ce texte W. Bourne n'évoque pas les nœuds qui marquent la ligne de loch à intervalles réguliers et dont le nombre permet d'exprimer la vitesse du bateau.

5C'est à dire 30 secondes, qui est la durée du sablier (ou ampoulette) de loch.