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Historique de l'hémisphère de Coignet

En 1580 l'ingénieur flamand Michel Coignet fait paraître à Anvers une Instruction des points plus excellents & nécessaires, touchant l'art de naviguer. Ce traité de navigation est publié en français l'année suivante.

Michel Coignet y décrit un instrument composé d'éléments mobiles dont la mise en relation par manipulation permet d'obtenir à la fois l'heure et le point à la mer.
Deux de ces éléments correspondent à l'azimut et la hauteur du Soleil, observés directement. Le troisième correspond à la déclinaison obtenue à l'aide de tables.

La conception de l'hémisphère nautique par Michel Coignet s'inscrit dans les tentatives des mathématiciens et des mécaniciens du XVIe siècle pour mettre au point un appareil permettant de résoudre aisément le problème de l'heure en tous lieux.

Le pilote havrais Jacques Devaulx pense même trouver dans l'hémisphère marine un instrument permettant de résoudre le problème de la longitude (cf. l'article La longitude d'Élisabeth Hébert dans Nautical Works, Premières œuvres de Jacques Devaulx, éditions Taschen).

Dans les années qui suivent sa présentation son usage est attesté dans au moins deux traités de navigation.

Dans Les premières œuvres de Jacques Devaulx.1583.


couverture de l'ouvrage

L'hémisphère de Méridienne et de l'ASSP

Les Premières œuvres de Jacques Devaulx sont conservées à la Bibliothèque Nationale de France.

En 2017, à l'occasion des 500 ans de la création de la ville du Havre le manuscrit a été au cœur de l'exposition Quand le vent soufflera... Piloter et naviguer depuis le Havre (XVIe - XVIIe siècles) réalisée par la bibliothèque Armand Salacrou.

L' Association Science en Seine et Patrimoine (ASSP), de Rouen et l'association Méridienne, de Nantes se sont rapprochées pour l'étude et la re-création d'un hémisphère nautique présenté dans l'exposition. l'hémisphère nautique dans l'exposition

L'hémisphère dans L'Hydrographie du père Fournier. 1643.

Georges Fournier, qui affirme en avoir vu un exemplaire, pense que l'orientation imprécise de l'instrument par la boussole et son manque de stabilité rendent "l'usage de cet instrument inutile sur mer".

L'hémisphère du Musée du Séminaire de Tournai.

https://www.seminaire-tournai.be/formation-et-culture/musee-et -expositions


Photographies

Hémisphère nautique: base vue du dessus Hémisphère nautique: base vue du dessous

Description de l'objet

Dans l'ouvrage Séminaire de Tournai. Histoire - Bâtiments - Collections, sous la direction de M. MAILLARD-LUYPAERT, Louvain, Peeters, 2008, Mme J. LEFRANCQ décrit aux pages 226-227 l'objet conservé au Musée du Séminaire de Tournai.

Janette Lefrancq est conservateur des collections Verreries et Instruments de précision aux Musées royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles (Belgique).

Ce document est présenté avec l'aimable autorisation de Monique Maillard-Luypaert, archiviste et conservateur du patrimoine du Grand Séminaire de Tournai.


Hémisphère nautique de Tournai.
O 1. Probablement Pays-Bas méridionaux, Anvers, atelier de Michel Coignet. XVII e siècle. Hémisphère nautique

Laiton gravé ; fragmentaire. H. déployé 10,8 cm, L. 19,2 cm, Ø. 17,35 cm ; ép. platine 2,5 mm.
Provenance : Séminaire de Bonne-Espérance ; don de l’abbé Albert Noirfalise au Séminaire (1972).
Clichés IRPA : X007147-X007148.

L’instrument, dans son état actuel, se présente comme une lourde platine discoïde matérialisant l’horizon du lieu d’utilisation (fig. 215). Celle-ci est montée sur quatre petits pieds moulurés et pourvue, sous son axe septentrional, d’une boîte de boussole (aujourd’hui disparue) servant à orienter l’instrument. Le centre de la platine est percé d’un orifice de 3,5 mm de diamètre, renforcé au revers par une petite pièce moulurée, et prévu pour accueillir l’axe d’un limbe rotatif vertical équipé d’une alidade, permettant de déterminer le méridien et l’azimut d’une étoile ou du soleil. La moitié septentrionale de la platine, plus large d’un cm, s’achève aux extrémités de l’axe Est-Ouest par deux éminences auxquelles est fixé, au moyen de charnières, un limbe semi-circulaire rabattable sur les deux faces et partagé en douze segments gradués de VI à XII et de I à VI, muni d’un petit index à hauteur du XII. Ce limbe est utilisé pour lever l’inclinaison angulaire et l’heure solaire. Les indications Septemtrio et Meridies sont gravées aux extrémités de l’axe Nord-Sud de la platine, la seconde étant disposée dans un appendice. Répondant à celui-ci, l’extrémité septentrionale de l’axe est prolongée par un débordement finement découpé et gravé. Tous deux portent une protubérance à gorge qui maintenait, à l’origine, le limbe du méridien fixe de l’instrument, muni d’un anneau de suspension.

Le bord de la platine est gravé de quatre cercles concentriques divisés selon différents modes. Le premier, en partant de l’extérieur, est fractionné en quatre quartiers de 90°, correspondant aux points cardinaux, et eux-mêmes subdivisés en décimales. Cette division est prolongée par douze segments de 30°, dans un deuxième cercle correspondant aux signes du zodiaque dont les symboles sont gravés en regard des cinq premiers degrés. Très légèrement décalées par rapport aux précédentes, apparaissent les limites des douze segments du troisième cercle, symbolisant les mois de l’année dont les noms finement gravés, Januarius, Februarius, Martius, Aprilis, Maius, Junius, Augustus, September, October, Nouember, December, sont accompagnés de légères branches fleuries. Le quatrième cercle indique, par les chiffres 30 ou 31, le nombre de jours contenus dans chaque mois, février n’en comptant que 28.

À l’intérieur de ces cercles, la surface de la platine est gravée d’un tracé géométrique composé de l’entrecroisement de trois carrés et de trois triangles isocèles avec leurs axes dans un polygone à seize côtés, semblable au schéma des cartes marines.

La mention Hemisphere Nautique est gravée au revers de la platine, de même qu’une lettre A en occupe l’extrémité orientale.

L’invention de l’Hemisphaerum Nauticum est due à Michel Coignet (Anvers, 1549-1623), mathématicien, mesureur de vin de la ville d’Anvers et constructeur d’instruments scientifiques pour les archiducs Albert et Isabelle. Cet ingénieur a décrit l’objet et son utilisation dans Nieuwe Onderwijsinghe op de principaelste Puncten der Zeeuaert, publié à Anvers en 1580 et traduit en 1581 sous le titre Instruction nouvelle des poincts plus excellents & necessaires touchant l’art de nauiger (fig. 216). Un autre modèle, à platine verticale et construit en Angleterre, est connu par les deux exemplaires conservés à l’Université de St Andrews en Ecosse et au Museo di Storia della Scienza de Florence ; mais ceux-ci ressemblent plus à des astrolabes perfectionnés par l’adjonction de limbes.

Bien que très fragmentaire, l’hémisphère nautique du Séminaire de Tournai semble bien constituer un exceptionnel vestige du prototype de Coignet. Le raffinement des motifs décoratifs, la rigueur du tracé géométrique, et la qualité graphique des inscriptions, qui n’atteint cependant pas la grâce propre aux œuvres signées, sont tout à fait dignes d’un atelier réputé et situent sans conteste la fabrication de la pièce au début du XVIIe siècle. En fonction de son style, la désignation gravée au revers devrait par contre être une surcharge apportée à la fin du XVIIIe siècle.

Cet instrument témoigne des recherches effectuées durant les Temps modernes pour la détermination de l’heure en vue du calcul des longitudes en mer. Il constitue une tentative peu pratique de résolution de ce problème, qui ne trouvera de véritable dénouement qu’à la fin du XVIIIe siècle grâce à l’invention d’une horloge mécanique de précision. J. LEFRANCQ


Bibl. : ANONYME , Museo di Storia della Scienza, p. 22, p. 32-33, n°51 ; MASKENS, Familia, p. 80-83, fig. 49 ; RANDIER , Instrument, p. 80 ; TURNER , Elizabethan Instrument, p. 166-168, n° 30, p. 196-198, n° 47 ; pl. 7, 47.